Les jeux de mon enfance: La succession de Tata Agatha

Les jeux de mon enfance: La succession de Tata Agatha

  • Jo

    Jo

Publié le sam. 12 sept. 2020

Faire son deuil n’est jamais chose aisée. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de faire ses adieux à Tante Agathe, richissime veuve sans héritier légal, il faut pouvoir se montrer pragmatique et être prêt à tout pour toucher le pactole. Les larmes attendront, bienvenue dans “La course à l’héritage”!

C’est en 95 que MB nous sort cette petite merveille. Avant d’aller plus loin, lecteur nostalgique des nineties, replonge-toi dans la pub du jeu d’origine, histoire d’être dans le bon état d’esprit et de te souvenir que les Minikeums aussi avaient des jobs alimentaires.

Le principe est plutôt simple: chaque joueur reçoit secrètement en début de partie le portrait des héritiers qu’il va incarner. Ensuite, grâce aux dés, il faudra déplacer les pions afin de les faire tomber – malencontreusement, bien entendu – dans un piège mortel, les écartant définitivement de cette fameuse course à l’héritage. Il s’agira donc d’être le dernier survivant tout en gardant à l’œil le pion détective qui avance inexorablement vers la porte d’entrée et n’hésitera pas à désigner héritière celle ou celui dont le portrait figurera au-dessus de la cheminée à son arrivée.

Qui a déjà joué à ce jeu s’en souvient forcément; le magnifique plateau représentant l’intérieur du manoir de tante Agathe est inoubliable. Son montage constituait d’ailleurs un premier jeu, puisqu’il fallait prendre le temps d’en assembler les différents pièges: le lustre en cristal qui ne tient qu’à un fil, la statue bancale sur son piédestal, les escaliers glissants, la bibliothèque et son échelle qui bascule à la moindre occasion et enfin la cheminée remplie d’un feu glouton. Il m’est arrivé très souvent de laisser la suite du matériel dans la boîte. Au diable les dés, les pions, les cartes,… d’intrépides GI Joe débarquaient chez Tante Agathe pour braver tous les dangers, et ce sont les Cobras qui pâtissaient de cette maudite bibliothèque mal fixée.

Désolé, je m’égare. Une fois le plateau en place, tous les pions sont disposés autour de la table centrale et la partie peut commencer. Vous découvrez vos personnages secrets, tous plus drôles les uns que les autres. Ayant toujours affectionné les jeux qui prenaient le temps de développer leur univers, j’éprouvais un réel plaisir à lire et relire la petite biographie des personnages qui entourait la boîte: Poopsie, le chat: Couverte de diamants et nourrie avec le meilleur caviar, cette heureuse minette est aussi un terrible félin. En tant que “chatte-à-sa-maman”, elle a cependant toutes les chances d’hériter de l’or de maman Agatha! Miaou!

La partie se déroule ensuite entre bluff et coups bas, sans oublier le petit coup de chance nécessaire à l’activation d’un piège en usant de la carte adéquate ou au changement de portrait sur le grand mur du salon. Rien de trop compliqué, le jeu est officiellement accessible dès 9 ans. On oublie donc les grandes stratégies pour se laisser aller au fun et à la satisfaction de faire tomber un lustre sur Steve, le professeur de tennis au sourire bright.

Malheureusement plus fragile qu’un Attrap’souris, le jeu a tendance à s’abîmer avec le temps, ce qui le rend assez rare de nos jours - et ce malgré une réédition en 2006 dans un style burtonesque et avec une mécanique repensée, à mon grand regret. La version originale, elle, restera à jamais dans mon cœur de joueur en grande partie grâce à son ambiance et à l’imaginaire qu’elle véhiculait. N’hésitez donc pas à vous lancer à l’occasion dans cette course à l’héritage, quitte à ressentir un petit frisson en passant sous le lustre de bonne-maman, lors de votre prochaine réunion familiale!

Michael Gray, La course à l’héritage, Hasbro 1995